« (…) l’art est moins l’harmonie que le passage (ou le retour) de l’harmonie à la dissonance (…) »
De l’art, l’harmonie et la dissonance. Propos de Georges Bataille sur la relation entre la pulsion créatrice et la création elle-même : passage entre la passion et le calme retrouvé de l’artiste. Un passage entre le désir et une harmonie intérieure par lequel il exprime, toutefois, sa dissonance.
« L’harmonie est le moyen de « réaliser » le projet. L’harmonie (la mesure) mène à bien le projet : la passion, le désir puéril empêchent d’attendre. L’harmonie est le fait de l’homme en projet, il a trouvé le calme, éliminé l’impatience du désir.
« L’harmonie des beaux-arts réalise le projet dans un autre sens. Dans les beaux-arts, l’homme rend « réel » le mode d’existence harmonieuse inhérent au projet. L’art crée un monde à l’image de l’homme du projet, réfléchissant cette image dans toutes ses formes. Toutefois, l’art est moins l’harmonie que le passage (ou le retour) de l’harmonie à la dissonance (dans son histoire et dans chaque oeuvre). » (p.70)
Les propos de Bataille rappellent ceux de Gaston Bachelard dans la Poétique de l’espace (PUF, 2014). Pour lui l’image poétique est comme une fulgurance, un éclat inattendu, qui vient avant la pensée du poète qui la traduira en poème :
« Pour faire un poème complet, bien structuré, il faudra que l’esprit le préfigure en des projets. Mais pour une simple image poétique, il n’y a pas de projet, il n’y faut qu’un mouvement de l’âme. En une image poétique, l’âme dit sa présence. » (p.6)