« Il n’est pas du tout possible de prévoir tout ce qui sera encore de l’histoire. Le passé peut-être demeure encore tout à fait inexploré! »
Friedrich Nietzsche suggère ici que le passé n’est pas immuable, parce qu’il peut être éclairé, rétroactivement, par le fait des grands hommes du présent. Comme si le passé dépendait du présent. La question reste posée de savoir qui sont ces grands hommes. Des leaders politiques, des écrivains, des penseurs ? Nietzsche lui-même ?
« Tout grand homme possède une force rétroactive : à cause de lui, toute l’histoire est remise sur la balance et mille secrets du passé sortent de leur cachette —pour être éclairés par son soleil. Il n’est pas du tout possible de prévoir tout ce qui sera encore de l’histoire. Le passé peut-être demeure encore tout à fait inexploré ! Il est encore besoin de beaucoup de forces rétroactives ». (p.135)
Source : Friedrich Nietzsche, Le gai savoir, Le livre de poche, 1993. Page p135.
Borges en tout cas croyait à la force rétroactive des grands écrivains. En effet, dans un texte sur Kafka, il écrivait :
« Le fait est que chaque écrivain crée ses précurseurs. Son travail change notre conception du passé, tout comme il doit changer le futur. » (Ma traduction). Source : Los Precursores de Kafka in Otras Inquisiciones, Obras Completas 1923-1972, Emecé Editores, 1974.
Voici l’original en espagnol: « El hecho es que cada escritor crea sus precursores. Su labor modifica nuestra concepción del pasado, como ha de modificar el futuro »
C’est d’ailleurs, si j’ai bien compris, la philo même de votre site :
« Du déjà dit et du déjà là, mais pas des pensées déjà pensées. Epanouissement au contraire de fruits anciens sous le regard présent ».