« Quand il y a la famine tout le monde peut mourir. C’est pourquoi il vaut mieux laisser une moitié de la population mourir afin que l’autre puisse manger à sa faim. »
Mao Zedong, discours devant le Comité Central du Parti Communiste de Chine, le 25 mars 1959.
On trouve cette citation de Mao Zedong dans l’enquête de Phillipe Grangereau, Le grand mensonge, publiée par la Revue XXI, n° 17, Hiver 2012.
Liée à la collectivisation forcée de l’agriculture et à la perversité du système politico-bureaucratique, cette famine a fait en Chine entre trente six et cinquante cinq millions de morts en 1958-62. Les rares denrées étaient réservées aux cadres du Parti Communiste et aux populations urbaines. Cette famine politique, ou « faite par l’homme », rappelle celle de l’URSS en 1932-33 (voir « Vassili Grossman sur la famine en URSS » et « Cholokhov sur la famine en URSS« , ainsi que les réflexions qui s’y attachent).
Phillipe Grangereau présente aussi le témoignage du chercheur chinois Yang Jisheng :
« Bouleversé, il découvre qu’au pire de la famine en janvier et février 1959, les greniers de l’Etat sont pleins : « il y avait encore en réserve six millions cinq cent quarante cinq mille tonnes de céréales », dit-il avec colère. Il ne comprend pas : « A travers tout le pays la population campait autour des greniers à céréales. Les gens criaient et imploraient : parti communiste donne-nous un peu de nourriture. Ils suppliaient à l’entrée des silos à grains, jusqu’à ce que la faim les achève. C’est inimaginable ». Il vibre de rage : « les empereurs des dynasties ouvraient les réserves et les distribuaient à la population en cas de catastrophe ou de pénuries. Mais la direction du Parti Communiste, qui prétendait servir le peuple, a refusé de secourir la population…… »