« Et deux siècles plus tard, Maïmonide, (…) tenta d’imposer la croyance en ses fameux treize articles de foi comme obligation religieuse. »
Les religions monothéistes supposent pour l’adhérent la croyance en un certain nombre d’articles de foi, ou dogmes, sans quoi il n’est pas reconnu comme tel. En analysant le rôle des articles de foi dans le judaïsme, Henry Atlan inverse l’ordre historique couramment admis de l’émergence des trois grands monothéismes, et classe le Judaïsme à la troisième place : ce ne serait pas le premier, mais le dernier, après le Christianisme et l’Islam.
Voir aussi, Maîtres du Talmud sur les maîtres.
Une collaboration d’Alainz.
« C’est ainsi que l’acte de foi, d’abord en Europe christianisée, puis dans l’Orient islamisé, et ensuite dans les pays de missions et de conversion à l’un de ces deux monothéismes, plus ou moins forcées et souvent rivales, devint l’élément essentiel de la religion monothéiste. Celle-ci était instituée désormais autour de la croyance aux dogmes du magistère comme unique voie de salut de l’âme dans un au-delà de la mort tout aussi mystérieux.
Le rôle de la théologie et des articles de foi dans le judaïsme est beaucoup plus ambigu. Les premiers articles de foi n’y ont été énoncés qu’au Xème siècle par Saadia ben Yossef Gaon, probablement sous l’influence des environnements chrétien et musulman. Et deux siècles plus tard, Maïmonide, lui aussi, en milieu arabo-musulman, élabora une théologie juive et tenta d’imposer la croyance en ses fameux treize articles de foi comme obligation religieuse. C’est ainsi que le judaïsme comme théologie et religion date de cette époque, alors qu’il ressemblait beaucoup plus auparavant à la religion civile des Grecs et des Romains, éventuellement reprise et interprétée par les philosophes. » (p. 35 et 36)
Source : Henri Atlan, Croyances, Editions Autrement — Les grands mots, juin 2014.