En 1933 l’analyste Eduardo Weiss arrive de Rome avec une de ces patientes, pour solliciter à Freud de l’aide dans cette cure qui s’avère difficile. La patiente était accompagnée de son père Giovacchino Forzano, un proche de Mussolini, avec qui il avait écrit une pièce de théâtre sur Napoléon. Des extraits de travail d’Elisabeth Roudinesco su Freud rendent compte ici de cet épisode.
En rapport à ses extraits , voir aussi « Freud sur la guerre » et « Onfray sur Freud et Mussolini« .
« Pour séduire Freud, à qui il confiait le destin de sa fille, Forzano apporta à la Bergasse l’édition allemande de l’ouvrage. Sur le frontispice, il avait rédigé une dédicace au nom des deux auteurs : « Á S.F. qui rendra le monde meilleur, avec admiration et reconnaissance. » Et c’est pour cette raison qu’il demanda à Herr Professor de lui donner à son tour une photo et un livre de lui accompagné d’une mention autographe pour Mussolini. Soucieux de protéger Weiss, qui organisait le mouvement psychanalytique et venait de faire paraître la première livraison de la Rivista italiana di psicoanalisi, Freud alla chercher dans sa bibliothèque un exemplaire de « Pourquoi la guerre ? » et rédigea un texte appelé à susciter de violentes polémiques : « Pour Benito Mussolini avec les humbles salutations d’un vieil homme qui reconnaît dans l’homme de pouvoir un champion de la culture. » (p.445-446)
« Protecteur de la psychanalyse, Forzano, liée à Weiss, n’obtint en fait aucun soutien de la part de Mussolini, qui n’avait pas la moindre intention de s’opposer à l’Église catholique. Et d’ailleurs (…) le dictateur denonça la psychanalyse comme une « fraude orchestrée par un Pontifex Maximus ». Au point que (…) Weiss ne put empêcher les services de la Propagande de suspendre la parution de la Rivista. Pire encore, la diplomatie fasciste commanda une ridicule enquête sur les activités de la WPV destinée à prouver que Sigismond (sic) Freud entretenait des relations suspectes avec le penseur anarchiste Camillo Berneri et que ses disciples se livraient à des opérations mercantiles soutenues par les socialistes et les communistes. » (p.446-447).
« Il faut être bien ignorant de l’histoire pour penser que Freud aurait été fasciste comme ne manque pas de l’affirmer Michel Onfray dans son brûlot « Le crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne« , Paris, Grasset, 2010, pages 504-533 et 590-591. Onfray n’a consulté ni les archives de la Library of Congress ni les correspondances de Freud et de Weiss à ce sujet. » (note 2, p.446).